LA VIE DE JOINA

29 août 2015

Lemonade

Filed under: Histoires — joina @ 20:11

C’est l’histoire d’un homme dont la ferme est située sur le bord d’une rivière qui déborde. Voyant l’eau monter, un voisin arrive dans sa Jeep, et lui offre de quitter les lieux avant que sa ferme soit inondée.
« Oh non! répond le fermier avec confiance, Dieu me sauvera. »

L’eau continue de monter et notre homme se voit forcé de se réfugier au deuxième étage de sa maison. Un bateau policier survient, et les agents l’invitent à grimper à bord.

« Oh non! ce ne sera pas nécessaire, Dieu me sauvera. »

Finalement, l’eau engloutit complètement la maison et un hélicoptère de la garde côtière vient se porter au secours de notre homme maintenant perché sur le toit. Mais encore une fois, il refuse… Juste à ce moment, une vague géante s’abat sur la maison, et notre homme se noie.

Arrivé au paradis, il s’en prend au Seigneur, exigeant de savoir pourquoi Dieu l’avait laissé mourir alors que sa foi était si grande.

« Comment ça, je t’ai laissé mourir? demande le Père céleste, je t’ai envoyé un Jeep, un bateau et un hélicoptère … et tu n’as jamais voulu bouger! »

12 avril 2015

Heal the world

Filed under: Histoires — joina @ 00:12

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.

Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.

Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.

Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

2 avril 2015

Test des 3 passoires

Filed under: Histoires,Réflexion — joina @ 20:24

Quelqu’un arriva un jour, tout agité, auprès du sage Socrate:

– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?

– Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes tout cela, j’aimerais savoir si tu as fait le test des trois passoires ?

– De quoi s’agit-il ?

– Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de procéder à une petite sélection. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est vrai ?

– Non, pas vraiment, je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire.

– Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité…
Essayons, malgré tout, la deuxième passoire, celle de la bonté.
Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?

– Ah non, alors ! Au contraire!

– Donc, continue Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et en plus, tu n’es pas sûr qu’elles soient vraies… Voyons tout de même si cela pourrait passer à travers la troisième passoire, celle de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

– Euh, non, pas vraiment!

– Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

27 juillet 2014

Vassili never smiles

Filed under: Histoires — joina @ 00:34

« Je n’ai pratiquement plus de contacts humains. C’est arrivé progressivement. Je me suis détaché des gens. J’ai l’impression que toute ma vie j’ai du faire des efforts pour me faire accepter, pour entrer dans le cercle, trouver quelque chose d’intéressant à dire. Et puis un jour j’ai abandonné, et j’ai ressenti un grand soulagement, parce que je n’avais plus à jouer à être quelqu’un d’autre. Je n’ai jamais su me vendre, me rendre intéressant, donner envie aux gens de me connaitre, d’en savoir plus sur moi. Je n’envie pas les gens que je vois discuter, je n’écoute pas leurs conversations, je passe mon chemin sans les regarder. Je ne sais pas ce qui fait que je me sens si inintéressant, je ne crois pas être particulièrement laid, je ne suis pas idiot, il doit me manquer quelque chose mais je ne sais pas quoi. Je ne sais pas si je peux vivre toute ma vie de cette façon, je ne pense pas vraiment à mon avenir, je ne sais pas. Chaque jour ressemble au précédent et rien ne vient égayer mon quotidien, rien qui ne me donne envie de sourire. En gros je suis une personne à qui il n’arrive jamais rien et je ne m’attends à rien de particulier. Je suis comme transparent. Si je disparaissais personne ne s’en apercevrait, personne ne s’en soucierait.

Pourtant il m’arrive quelque chose d’inhabituel. Il y a cette fille, je ne connais pas son nom, elle me regarde sans arrêt ces derniers temps, comme si elle m’analysait. Je n’aime pas ça. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, elle doit me juger, elle doit me trouver pathétique, je suis sûre qu’elle se moque de moi dés que je quitte la pièce. J’en viens à redouter de la croiser, et quand ça arrive je baisse les yeux et je serre les dents, mais en même temps je ne peux pas m’empêcher de vérifier qu’elle est bien en train de me regarder. Parfois je vérifie 4 ou 5 fois et à chaque fois elle est toujours en train de me fixer. Parfois elle est en train de discuter avec plusieurs hommes, et je vois bien qu’elle ne les laisse pas indifférents, mais tout en leur parlant elle continue à me regarder. Je ne sais pas ce que je dois en penser, j’en viens à regretter les moments où j’étais réellement transparent. De toute façon je ne vais pas aller lui parler, je n’ai rien à lui dire. Et si elle venait me parler, je ne sais pas comment je réagirais, je crois que je ferais en sorte que ça se termine le rapidement possible et qu’elle comprenne que je ne suis pas la personne qu’elle croit que je suis. Et comme ça je serai tranquille, je n’aurais plus à m’en préoccuper. Mais je préférerai que ça n’arrive pas, qu’elle disparaisse simplement, les gens finissent toujours par disparaitre de toute façon. En tout cas je ne dois surtout pas lui sourire, un sourire c’est comme une porte ouverte, c’est comme une espoir. Si je commence à sourire je suis fichu. »

13 février 2014

Paradise

Filed under: Histoires — joina @ 22:53

-Elle nous ment sans arrêt
-Votre fille ne ment pas, elle a du mal à discerner le rêve et la réalité
-Comment peut on faire la différence ?
-Vous ne pouvez pas, car elle même ne sait pas ce qui est vrai ou faux. Tout se mélange dans sa tête.
-Est ce que ça se soigne ?
-Il n’y a pas de traitement miracle, vous pouvez juste l’aider à rester au maximum dans le réel, en faisant en sorte qu’elle vive beaucoup d’expériences, qu’elle rencontre des gens, qu’elle s’amuse. Il faut que le réel lui semble aussi intéressant que ses rêves, et elle acceptera d’y rester. Ne la laissez pas seule, parlez lui, montrez lui comment on fait la cuisine, comment on jardine, faites lui faire du sport, de la musique, visitez des musées, allez voir des spectacles…
-Elle ne veut pas jouer avec les autres enfants. On a fait une fête pour son anniversaire, on a invité des élèves de sa classe. Quand ils sont arrivés elle s’est cachée sous le lit en se bouchant les oreilles et elle n’est pas ressortie avant que tout le monde ne soit parti.
-Et en classe, comment est ce que ça se passe ?
-Elle est très douée, surtout dans les matières scientifiques. Elle veut tout comprendre. Elle peut mémoriser des quantités impressionnantes d’informations. Elle aime tout ce qui est logique.
-Est ce qu’elle a des difficultés à comprendre les émotions des personnes qui l’entourent ?
-Je ne sais pas, en tout cas on a du mal à comprendre les siennes. Souvent elle se met à pleurer et on ne sait pas pourquoi. Ce ne sont pas des caprices, elle semble vraiment déboussolée, perdue. On ne sait pas quoi faire pour faire passer la crise. Parfois on lui demande ce qui la rend si triste et elle nous raconte des histoires complètement farfelues. On ne sait pas si elle y croit vraiment. Elle nous fait peur.
-Votre fille est très intelligente mais son extrême sensibilité fait que le monde entier l’inquiète. Elle entend des histoires, à la télé ou à l’école, et ça lui fait peur. Comme elle n’arrive pas à gérer toutes ces émotions elle se replie sur elle même et se met à inventer de plus jolies histoires qui lui font du bien.

« When she was just a girl, she expected the world
But it flew away from her reach so she ran away in her sleep
And dreamed of para-para-paradise, para-para-paradise, para-para-paradise
Every time she closed her eyes »

11 février 2014

In my place

Filed under: Histoires — joina @ 23:00

Un vendredi soir, un employé de chemin de fer entre dans un camion frigorifique pour le nettoyer, mais la porte se referme derrière lui. Le voici prisonier pour tout le week-end car personne ne viendra le délivrer avant le lundi matin. La panique s’empare de lui. Il pense qu’il va mourir de froid et, en effet, il meurt. Sauf que… le système de réfrigération n’était pas branché. La température, tout à fait supportable, est restée constamment à 18°C. Pourtant, l’autopsie a révélé qu’il présentait tous les symptômes d’une mort par refroidissement. Conclusion : ce pauvre homme n’est pas mort de froid mais de l’idée du froid ! Ainsi peut-on mourir des films que l’on se fait ! Son imaginaire l’a tué. Notre imagination est donc à la fois notre meilleur allié et notre pire ennemi.

9 février 2014

Monsieur la fée

Filed under: Histoires — joina @ 13:16

Il a 5 ans. Il va en maternelle. Il a découvert le déguisement de fée de sa grande sœur. Elle ne l’avait pratiquement jamais porté. Il l’a essayé et s’est trouver beau dedans. Depuis il le porte sans arrêt, par dessus ses vêtements. C’est une robe rose pale avec des ailes. Et une baguette avec une étoile au bout. L’été dernier il aimait les tortues ninja et les dinosaures. Maintenant ce sont les fées. Quand il y a des invités sa mère lui fait retirer son costume. Mais au milieu du repas il descend lentement l’escalier tout fier de lui. Il a remis la robe. Il veut que tout le monde voie qu’il est une fée. Il tourne sur lui même en chantant « lalala » tout en remuant sa baguette. Les gens baissent les yeux vers leurs assiettes. Son père a honte. Sa mère s’emporte, elle l’envoie dans sa chambre. Quand il n’y a personne elle le laisse faire. Parfois il aimerait sortir de promener déguisé en fée. Sa mère lui a dit que les costumes c’était juste pour la maison, ou alors pour le carnaval ou Halloween. Bientôt c’est le carnaval à l’école. Il n’a pas de doute sur ce qu’il veut être. Sa mère lui dit que les autres enfants vont se moquer de lui. Je lui demande si il sait que les fées sont toujours des filles, alors que lui est un garçon. Il me répond que c’est impossible, qu’il faut forcément des papas fées pour faire des bébés fées, sinon il n’y aurait plus de fées. C’est d’une logique implacable !

7 décembre 2010

Seek beauty everywhere

Filed under: Histoires — joina @ 21:55

Le petit prince s’en fut revoir les roses:

– Vous n’êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n’êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisé et vous n’avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n’était qu’un renard semblable à cent mille autres. Mais j’en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.

Et les roses étaient bien gênées.

– Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu’elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c’est elle que j’ai arrosée. Puisque c’est elle que j’ai mise sous globe. Puisque c’est elle que j’ai abritée par le paravent. Puisque c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c’est elle que j’ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c’est ma rose.

Et il revint vers le renard:

– Adieu, dit-il…

– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.

– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…

– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.

12 août 2010

L’oursin qui voulait faire un câlin

Filed under: Histoires — joina @ 06:04
Il était une fois une petite créature innocente toute ronde et tendre qui voulait découvrir le monde. Elle aimait beaucoup les câlins et n’avait aucune raison de penser qu’on puisse lui en refuser. Mais en grandissant elle croisa la route de diverses bêtes piquantes. Quand elle s’approchait pour faire un câlin leurs épines lui écorchaient la peau et alors elle comprenait qu’il fallait mieux reculer. Mais comme elle avait besoin d’amour elle retentait régulièrement l’expérience avec ceux qu’elle croisait. Chaque piqure la laissait un peu plus craintive et déroutée. Naviguant de désillusions en désillusions elle perdait doucement confiance en elle, en son droit de recevoir des câlins, elle commençait même à se demander si après tout elle était digne d’en recevoir, et s’il ne serait pas plus sage d’abandonner cette idée et de vivre en ermite, en barricadant la porte pour ne plus qu’aucune épine ne puisse entrer. Puis un jour elle réalisa qu’à l’emplacement de chacune de ses blessures avait poussé une épine. Au bout de quelques années elle se retrouva entièrement couverte d’épines, qui ne se rétractaient que lorsqu’elle était seule. Sa peau était toujours aussi douce et tendre, et elle avait toujours autant besoin de câlins, mais il lui était maintenant impossible d’en faire ou d’en recevoir, car elle savait la douleur que ceux-ci provoquerait, chez elle comme chez les autres. Alors quand elle se promenait elle veillait à toujours laisser une distance entre elle et ceux qu’elle croisait, pour être sûre que personne ne serait blessé.

Puis pendant une de ses ballades elle rencontra une créature semblable à elle, qui était elle aussi recouverte d’épines, et qui bien que très amicale se tenait à l’écart pour ne pas piquer ou être piquée. Cette autre créature avait elle aussi eut un jour envie de câlins, mais elle avait aussi rencontré son lot d’épines, et vu poussé les siennes. Elle avait donc enterré cette envie très profond pour ne plus la voir, et disait à qui voulait l’entendre qu’elle était bien comme ça, que les câlins ne lui manquaient pas. Au bout d’un moment à force de se côtoyer sans se toucher, les deux créatures se mirent à réaliser à quel point elle se sentaient bien et fortes ensemble. Elles oubliaient parfois la présence de leurs épines, et se rapprochaient dangereusement, ce qui finissait toujours par blesser l’un ou l’autre. Alors ils se séparaient subitement, et tentaient de mettre le maximum d’espace entre eux. Souvent ils se sentaient honteux ou stupides d’avoir oublié de faire attention aux épines. Mais comme ils s’aimaient beaucoup ils revenaient toujours l’un vers l’autre dès que la blessure était cicatrisée, et ils répétaient sans arrêt les mêmes erreurs car ils n’avaient aucune idée de ce qu’ils devaient faire pour arranger les choses.

Ils se mirent à réfléchir chacun de leur côté pour trouver une solution. Ils voulaient comprendre pourquoi leurs épines se rétractaient quand ils étaient seuls, et ne sortaient que quand quelqu’un s’approchait. Ils réalisaient l’absurdité de la situation. Et puis ils comprirent que c’était la peur d’être piqué qui faisait sortir leurs épines. Ils firent plusieurs tests et se rendirent compte que cette peur s’était peu à peu emparée d’eux depuis leur enfance, grandissant chaque fois qu’ils avaient entendu quelque chose comme "Va t’en je ne veux pas de toi" ou "Tu me déçois" ou bien encore "Je m’en vais, je vais te laisser tout seul". En prenant conscience de cette peur et en se remémorant tous les évènements qui l’avaient fait grandir, ils apprirent peu à peu à la calmer et à la maitriser. Ils firent l’expérience d’avancer l’un vers l’autre en contrôlant leur peur et leur surprise fut grande quand ils virent que leurs épines ne sortaient pas. Ils se sentaient nus, fragiles et sans défense sans elles, mais cela leur permettait de se frôler sans souffrir. Ils en tirèrent une grande joie, qui leur donna la force de progresser dans cette direction en s’améliorant un peu chaque jour. Plus ils progressaient et plus leur besoin de câlins refaisait surface. Quand ils eurent acquis assez d’assurance dans l’art de retenir leurs épines ils purent enfin gouter aux joies d’un câlin, et ce fut le câlin le plus doux et le plus tendre qu’il soit, car leur peau qui ne voyait que rarement le jour avait gardé la même texture fine et délicate que quand ils étaient petits. Ils prirent gout à ces câlins et ne purent vite plus s’en passer. Puis ils vécurent heureux tous les deux en n’oubliant jamais que c’était la peur qui contrôlait les épines. Certains jours il leur arrivait encore de se blesser ou de sortir leur épines, mais ensuite ils se souvenaient à quel point ils avaient envie et besoin de câlins, et ils faisaient en sorte que rien ne puisse les en priver trop longtemps.

Merci au scorpion et à l’alligator qui m’ont inspiré les bases de cette histoire.

8 juillet 2010

Mais si ça n’vaut pas la peine que j’y revienne

Filed under: Histoires — joina @ 19:10
C’est alors qu’apparut le renard.- Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste…
– Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
– Ah! pardon, fit le petit prince. Mais, après réflexion, il ajouta : · Qu’est-ce que signifie  » apprivoiser  » ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie  » créer des liens…  »
– Créer des liens ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi , qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…

Mais le renard revint à son idée :
– Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
– S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.
– Que faut-il faire ? dit le petit prince.
– Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près…

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche :
– Ah! dit le renard… je pleurerai.
– C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise…
– Bien sûr, dit le renard.
– Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
· Bien sûr, dit le renard.
· Alors, tu n’y gagnes rien !
· J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

29 janvier 2010

You never know

Filed under: Histoires — joina @ 17:35
Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait : « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre ».Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l’écurie vide donnèrent leur opinion : « Pauvre idiot, il était prévisible qu’on te volerait cette bête. Pourquoi ne l’as-tu pas vendue ? Quel malheur ! ».

Le paysan se montra plus circonspect : « N’exagérons rien, dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’écurie. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? » Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d’esprit.

Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement échappé et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s’attroupèrent de nouveau « Tu avais raison, ce n’était pas un malheur, mais une bénédiction ».

« Je n’irais pas jusque là, fit le paysan. Contenterons ­nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode. Peut-on connaître le contenu d’un livre en ne lisant qu’une phrase ? ».

Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze beaux chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ? Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta par terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis : « Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre ».

« Voyons, rétorqua la paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir ».

Quelque temps plus tard une guerre éclata et tout les jeunes du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide. « Vieil homme, se lamentèrent le villageois, tu avais raison. Ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi, tandis que nos fils vont se faire tuer ».

« Je vous en prie, répondit le paysan, ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous pouvons dire. Personne ne sait si c’est un bien ou un mal ».

Lao Tseu 

5 mars 2009

L’île existe, c’est nous

Filed under: Histoires — joina @ 19:47

Je viens de revoir « The island« , une de mes films préférés. J’écoute beaucoup « Human » des Killers et « No surprises » de Radiohead. J’ai lu la nouvelle « Ça va vous plaire » de Bernard Werber. Tout ça m’a aidée à réfléchir, et j’ai besoin de déposer ici ce que je ressens, pas pour juger des comportements ou donner des leçons en me basant sur mon expérience, car je suis persuadée que tout le monde fait de son mieux, qu’il n’y a pas de méchant et que chacun mérite vraiment d’être aimé et de trouver le bonheur, mais juste pour éviter que tout ça me dévore de l’intérieur, et pour essayer de comprendre le monde qui m’entoure. Voila, je vois que nous sommes tellement à prendre soin de faire ce que l’on attend de nous, en bridant nos désirs et nos envies, et qui nous retrouvons si malheureux sans savoir pourquoi, et qui avons même presque honte d’être malheureux car nous avons, vu de l’extérieur, tout ce qu’il faut pour être comblés. Mais la seule chose qui compte c’est ce qu’il y a à l’intérieur. Même si personne ne voit le trou noir dans ton cœur ça ne l’empêche pas d’exister et d’aspirer tout sur son passage, en t’éloignant de la personne que tu veux être. Comment faire les bons choix pour s’en sortir ? Tout le monde semble avoir son avis sur la question, surtout nos proches, presque toujours avec de bonnes intentions, et c’est tentant de se reposer sur leurs idées et leurs conseils qui paraissent pleins de bon sens, mais la vérité est que chaque être est le seul et unique à savoir ce dont son cœur à besoin pour combler ce trou, afin de pouvoir construire sa maison sur un sol solide. Voici une petite histoire pour illustrer mes pensées, à laquelle  je ne donnerai pas de conclusion, car je crois qu’il n’en existe pas d’universelle, et comme je l’ai dit je pense que chacun a la réponse enfouie en lui même, et dois la trouver seul. Ce dont je suis certaine par contre, c’est que rien ne s’arrange jamais tout seul avec le temps pendant qu’on regarde ailleurs, et que l’espoir est puissant mais qu’il ne produit pas autant de miracles que les mots ou les actions.

« Tu dois te donner à fond, on va t’aider à t’améliorer, à mieux rentrer dans le moule » te disent des gens à qui d’autres ont dit la même chose un peu avant, et qui arrivent même à s’auto-persuader que c’est pour ton bien. Soit bien sage, écoute tes parents, fait un effort, tu ne voudrais tout de même pas causer de la peine, serre les dents, ne montre pas que tu souffres, de quoi te plains tu ? Tu as tout ce qu’il faut pour être heureux, une femme, des enfants et même un petit chien. Marié à 28 ans, papa à 30, c’est bon tu es dans la norme. Tu es ingénieur, ta mère en a les yeux qui brillent quand elle en parle à ses amies. Toi tu fait des copier-coller toute la journée, tu es cadre mais tu ne cadres que toi même, et encore. Mais il y a tellement de chômeurs, tu as de la chance après tout, tu as de quoi rembourser l’emprunt pour la maison. Tu rentres chez toi le soir, dans un lotissement où toutes les maison se ressemblent, et dans chaque jardin il y a un joli portique. Tu dînes à peine arrivé, pendant qu’a la télé ils racontent le dernier massacre en Afrique. Ta femme a eut une mauvaise journée, elle est fatiguée par son travail, elle en a assez de devoir gérer les enfants toute seule tous les soirs. Elle commence à te faire des reproches et toi tout ce que tu aimerais c’est un peu de silence. Elle te dit que tu ne la regardes plus comme avant, que tu ne lui dis jamais que tu l’aimes, que tu ne lui proposes jamais de partir en week-end, toi tu voudrais qu’elle s’arrête de parler, tu n’aimes pas ce genre de discussions, tu sais comment ça va finir. Tu lui réponds que ça a toujours été comme ça, que tu ne peux pas changer, que tu ne seras jamais un mari parfait. Tu lui rappelle que c’est toujours elle qui a tout décidé : le mariage, la maison, les enfants… et qu’elle aurait du y penser avant si ton caractère ne lui convenait pas (d’ailleurs c’est aussi elle qui a choisi les vêtements que tu portes, les plats que tu manges, les endroits où tu vas… mais tu ne peux pas t’en plaindre car tu sais très bien que tu as toi même laissé s’installer ces mécanismes de dépendance, par facilité et pour éviter les confrontations). Les enfants jouent à la console en haut, tu ne veux pas qu’ils entendent vos disputes, ils n’ont pas mérité ça. Ta femme fait un crise de spasmophilie, elle a du mal à respirer, elle te dit en pleurant qu’elle n’en peut plus, qu’elle fait tout ce qu’elle peut et même plus pour te rendre heureux, qu’elle n’arrive pas à comprendre ce que tu veux d’elle. Tu ne sais pas quoi répondre, tu te dit qu’elle n’a pas tort, que tu devrais surement être plus reconnaissant pour tout ce qu’elle fait pour toi. Tu as honte d’être un si mauvais mari, de ne pas l’aimer comme elle le mériterait, tu voudrais disparaitre. Mais tu ne peux pas, tu as une famille, il y a tous ces gens qui comptent sur toi, alors tu prends sur toi, tu essaies de te calmer, tu serres ta femme dans tes bras et vous vous couchez ensemble. La nuit tu te réveilles et tu sens comme une boule dans ta gorge, tu voudrais pouvoir pleurer toi aussi. Le lendemain ta mère appelle, elle trouve que tu as une drôle de voix, elle s’inquiète pour toi. Tu fais de ton mieux pour la rassurer, mais elle te connait bien elle n’est pas dupe. Elle te dit que ça ne va pas fort pour elle, et tu l’écoute impuissant. Tu lui promet de venir passer le week-end près d’elle, tu sais qu’elle ne vivra pas éternellement. Tu sera encore obligé de feinter pour ne pas avoir à lui confier tout ce que tu as sur le cœur, tu penses que de toute façon ça ne servirait à rien et qu’elle a déjà bien assez de soucis comme ça. Tu as presque accompli la moitié de ton existence, voire plus si un cancer vient te chercher avant l’heure, tu as l’impression de ne pas être à ta place, tu ne sais même plus ce qui te plait dans ta vie, tu ne te souviens pas de la dernière fois où tu as ri de bon cœur sans te forcer. Au boulot tu vois des collègues parler tout bas en te regardant, tu es persuadé qu’ils racontent des choses sur toi, tu sens une bouffée de haine t’envahir, « de quoi ils se mêlent ceux là ? », tu ne dis rien mais tu n’oublieras pas. Tous les jours tu fais les mêmes gestes, sans y réfléchir, tu fais ce qu’on attend de toi, tout le monde te trouve si poli, si serviable, tu ne veux pas déranger, tu veux être quelqu’un de bien, tu es comme un petit garçon perdu dans un monde trop complexe. Alors tu te transformes en corps sans esprit, tu te comportes comme un automate, une marionnette, une feuille morte baladée au gré du vent. Tu ne préfères pas trop penser à ta vie, à tes rêves, à ton futur, c’est trop douloureux. Pendant que tes rides se creusent et que ton front se dégarnit tu continues sagement ta chorégraphie. Le boulot, les courses, la télé, les soirées devant le PC, les visites des beaux parents, le samedi au mieux un tour chez But puis Buffalo grill, deux semaines de vacances en aout. « Une belle petite famille » pensent les voisins. Quand tu te regardes dans le miroir tu ne supportes plus ton reflet, tu te trouves si con, tu te vois répéter sans cesse les mêmes erreurs, et chaque fois tu te détestes un peu plus. Sur les photos de famille tu fais ton plus beau sourire, depuis le temps tu sais comment ça marche. Tu doutes de tout, même de tes doutes. Est ce que c’est réellement pire ici qu’ailleurs où est ce que c’est juste dans ta tête ? Est ce que tous ces efforts et ces concessions ont un sens, une raison d’être, où ce que vous n’êtes pas en train d’écoper à la petite cuillère, par habitude plus que par conviction, sur un navire en train de sombrer ? Est ce que tu n’aurais pas un peu mérité tout ça ? Est ce que tu sais au moins ce que tu aimerais faire à la place, et es tu vraiment à la hauteur pour tenter ta chance et réussir ? Est ce qu’il existe réellement autre chose, ou est ce que tout le reste ce ne sont que de belles histoires pour enfants trop naïfs, des illusions qui t’offriront cinq minutes de plaisir avant de te projeter violemment le nez dans le caniveau, où tu te retrouvera seul et misérable ? Quel genre d’homme abandonne sa famille comme ça sans raison valable ? Veux tu vraiment passer pour un irresponsable, un égoïste, un lâche au yeux de tous les gens qui te connaissent et qui auront forcement un avis sur la question ? Le soir tu n’a plus envie de rentrer chez toi, alors tu restes travailler tard, et ton chef apprécie. Il te dit qu’il est content de te voir aussi impliqué sur le projet, il t’octroie une belle augmentation. Tu te dit que tu es au moins reconnu pour quelque chose, ça te met de bonne humeur un moment. Puis le projet s’arrête, et on veut t’envoyer dans une autre ville. Tu recommences à te faire du souci. Ta femme te dit de ne pas te laisser faire. « Dis à ton patron que tu as une famille ! ». Tu aimerais qu’elle te fasse un peu confiance, tu sais ce que tu as à faire. La banque bloque ta carte bleue par erreur, tu dois laisser tes courses à la caisse, tu te sens si humilié. Au guichet tu entres dans une colère noire, tous tes problèmes se cristallisent autour de cet événement. Tu ne te laisseras pas faire, tu as l’impression de pouvoir contrôler au moins une chose dans ta vie, on ne t’enlèvera pas ce droit. Tu fais sans arrêt des cauchemars, tu es de plus en plus tendu, tu ne supporte plus le moindre reproche, tu te met tout le temps en colère. A la maison l’atmosphère devient irrespirable. Tu ne sais plus comment tu en est arrivé là, tu te demandes à quel moment tu as merdé. Tu en as tellement marre de cette vie. Pourtant dehors il y a un si joli portique…

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